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Scan-cars et tickets virtuels : la chasse à la voiture, nouvel art de vivre bruxellois… au détriment du Tourisme et pas que... !

  • Etienne De Nil
  • 13 juil.
  • 4 min de lecture

Chapeau : À Bruxelles, les automobilistes sont devenus les cibles préférées d’une politique de stationnement automatisée, punitive et inefficace. Derrière l’argument écologique, ce sont le commerce de proximité, le tourisme et l’économie urbaine tout entière qui trinquent. Chronique d’un acharnement bureaucratique devenu stratégie par défaut.


Une ville sans gouvernement, mais avec des amendes


Pendant qu’on attend toujours un gouvernement régional à Bruxelles – après tout, pourquoi se presser quand on peut prolonger la vacance du pouvoir comme on prolonge les délais de recouvrement des amendes –, la machine à punir l’automobiliste tourne à plein régime. Qu’on se le dise : le stationnement est devenu le grand jeu de société local. Les règles sont simples : tu te gares, tu perds. Tu contestes, tu perds plus tard. Et si tu ne payes pas, tu figures dans une statistique de recouvrement lamentable, mais ça n’empêche personne d’annoncer triomphalement des recettes record.


Les scan-cars, champions des recettes virtuelles


En 2024, les scan-cars – ces sympathiques robots au service de la vertu urbaine – ont craché pour 138 millions d’euros de redevances. C’est beau, c’est propre, ça fait sérieux. Enfin, sérieux… jusqu’au moment où l’on découvre que moins d’un tiers est effectivement encaissé. Mais ce détail n’émeut pas nos gestionnaires. Ils préfèrent se féliciter de cette pluie de contraventions, persuadés qu’ils tiennent là la solution à tous les maux de la ville : réduire la voiture, remplir les caisses (même virtuellement) et convaincre les habitants qu’ils vivent dans la capitale la plus exemplaire d’Europe.


Le centre-ville se vide, la périphérie se frotte les mains


Résultat ? Les Bruxellois, qui n’en peuvent plus de se faire scanner comme du bétail stationné, ont trouvé la parade : ils filent faire leurs courses et leurs loisirs en périphérie, là où le ticket n’est pas un péage sur le droit de vivre. Les commerçants de Waterloo, Dilbeek ou Wavre disent merci. Les restaurateurs de la périphérie se frottent les mains. Les centres commerciaux extra-muros alignent les parkings gratuits comme des appâts. Et pendant ce temps, le cœur de Bruxelles se vide, lentement mais sûrement, de sa clientèle la plus précieuse : celle qui consomme.


Un tourisme freiné à coups de procès-verbaux


Mais la saignée ne s’arrête pas là. Le tourisme aussi paie le prix de cette croisade motorisée. On a beau vanter les charmes de la Grand-Place, de l’Atomium ou des institutions européennes, il faut encore pouvoir y accéder. Et dans une ville où le moindre arrêt devient un guet-apens à amende, beaucoup de touristes choisissent désormais de contourner Bruxelles.Les autocaristes rechignent à s’y aventurer, les visiteurs en voiture optent pour Bruges ou Gand, et même les voyageurs étrangers, une fois descendus du Thalys ou de l’avion, découvrent à leurs frais qu’un city-trip dans la « capitale de l’Europe » commence par une course d’obstacles tarifée : taxis chers, parkings rarissimes, signalétique confuse, et une ambiance plus punitive qu’accueillante.

Les hôtels s’en plaignent discrètement, les musées comptent leurs visiteurs, et les guides touristiques adaptent leur discours : « Bruxelles ? Charmante, mais gare-toi ailleurs. » Quelle promotion pour une ville qui se rêve vitrine internationale. On voulait un tourisme durable, on obtient un tourisme distant. On pensait réguler, on dissuade.


Des principes verts, des résultats gris


Ah, bien sûr, on nous explique que c’est une question d’écologie, de mobilité durable, de réappropriation de l’espace public. Très bien. Mais personne ne parle de la dimension économique du désastre. Personne ne se demande combien d’emplois dépendaient de ces flux de visiteurs qui, jadis, venaient faire un peu de shopping, dîner en ville ou se payer une sortie culturelle. Non, ça, c’est secondaire. Ce qui compte, c’est de montrer qu’on lutte contre la voiture, qu’on interdit, qu’on tarifie, qu’on sanctionne. Même si la moitié des amendes finit par s’évaporer.


La gouvernance par contravention


On en arrive au comble du ridicule : des communes qui inscrivent dans leur budget des recettes fictives – ces fameux “droits constatés” qui ne seront jamais recouvrés – et qui, faute de rentrée réelle, compensent par des hausses d’autres taxes ou une réduction des services. On applaudit la cohérence. On applaudit surtout l’institutionnalisation de la punition automobile comme horizon politique.

Car pendant que la Région se cherche un exécutif, les scan-cars, eux, gouvernent déjà. Ils roulent, ils flashent, ils dressent procès-verbal sans débat, sans opposition, sans discernement. C’est la démocratie automatique, le parcmètre vengeur devenu juge et partie. Et qu’on ne vienne pas prétendre que tout cela va financer la mobilité douce : une fois déduits les frais de fonctionnement de cette formidable usine à PV, il ne reste que des miettes pour investir dans les pistes cyclables, les trottoirs ou les transports publics.


Bruxelles contre elle-même


En réalité, la politique du stationnement bruxellois est devenue un prétexte commode pour masquer l’incapacité chronique de nos élus à élaborer une vision économique cohérente. Le commerce de proximité s’effondre ? C’est la faute d’Amazon. Les restaurants ferment ? C’est la conjoncture. Les salles de spectacle peinent à remplir ? C’est le goût des gens. Le tourisme se replie ? Ce sont les aléas du marché.Mais surtout, surtout, ne jamais remettre en question le dogme anti-voiture qui fait fuir les familles, les seniors, les clients d’un soir et désormais… les visiteurs d’un week-end.


ETIENNE


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