Ryanair impose la carte d’embarquement via smartphone : une discrimination numérique à la limite de la légalité ?
- Etienne De Nil
- 5 oct.
- 2 min de lecture
À partir du 12 novembre 2025, Ryanair mettra fin à l’émission de cartes d’embarquement papier ou imprimables en PDF. Les passagers devront obligatoirement présenter leur carte via l’application myRyanair sur smartphone.
Une mesure controversée
Si la compagnie promet des exceptions en cas de panne technique (batterie vide, bug de l’application) et affirme qu’elle ne facturera pas de frais dans ces cas, la règle de base est claire : sans smartphone, pas de carte d’embarquement, donc pas de vol.
Cela pose une série de problèmes :
Exclusion numérique : de nombreux voyageurs – personnes âgées, clients à faibles revenus, ou simplement ceux qui utilisent encore un GSM classique – se retrouvent écartés de fait de l’accès au service.
Charge financière : certains passagers devront acheter un smartphone “juste pour voler Ryanair”, ce qui représente un coût supplémentaire, sans rapport direct avec le transport.
Incertitudes pratiques : que se passe-t-il si l’application plante ou que le réseau est indisponible ? La “tolérance” promise par Ryanair suffira-t-elle dans les aéroports belges ?
Légalité : une zone grise
Sur le plan juridique :
Le droit de l’Union européenne n’impose pas l’acceptation du format papier. Les compagnies peuvent fixer leurs conditions de transport.
Toutefois, le droit belge et européen protègent contre les clauses abusives et les pratiques commerciales déloyales. Une obligation numérique stricte pourrait être contestée si elle crée un déséquilibre manifeste entre le transporteur et le passager.
La mesure pourrait aussi être qualifiée de discrimination indirecte, puisqu’elle affecte de manière disproportionnée certains groupes (seniors, ménages modestes, personnes non connectées).
Enfin, en cas de refus d’embarquement d’un passager ayant pourtant effectué son check-in, le règlement européen 261/2004 sur les droits des passagers aériens pourrait s’appliquer.
En résumé, la règle se situe “à la limite de la légalité” et expose Ryanair à des recours devant les tribunaux ou auprès des autorités belges (SPF Économie, SPF Mobilité).
Conséquences pour les agences et leurs clients
Les professionnels du voyage doivent informer clairement leurs clients :
Sans smartphone, Ryanair est à éviter. Les voyageurs doivent envisager une autre compagnie s’ils ne disposent pas d’appareil compatible.
Les passagers qui utilisent encore un GSM classique devront envisager l’achat d’un smartphone ou renoncer à voyager avec Ryanair.
Même pour les clients équipés, recommander d’imprimer une copie de leur carte d’embarquement (par précaution) peut éviter de mauvaises surprises en cas de bug technique.
En conclusion
Cette nouvelle politique de Ryanair s’inscrit dans une logique de digitalisation extrême, mais elle soulève des interrogations majeures sur l’inclusion sociale et la protection des passagers. Les agences belges ont un rôle clé : prévenir leurs clients, anticiper les litiges potentiels et, le cas échéant, relayer les plaintes auprès des autorités compétentes.
ETIENNE
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