Le Surtourisme ou Tourisme de masse : une bombe à retardement ?
- Etienne De Nil
- 27 juil.
- 3 min de lecture
Paradoxe de notre temps : les destinations les plus admirées deviennent invivables.
Venise, Barcelone, Bali, Dubrovnik, Machu Picchu, Kyoto, Santorin… Autant de noms qui font rêver les voyageurs du monde entier. Mais pour leurs habitants, ces lieux paradisiaques deviennent un cauchemar quotidien. Le surtourisme – ou "overtourism" en anglais – désigne la surcharge touristique que subissent certaines destinations, mettant en péril leur environnement, leur économie locale et leur qualité de vie.
Pourquoi le surtourisme explose ?
Plusieurs facteurs se combinent :
Explosion du tourisme mondial : plus de 1,4 milliard de touristes internationaux chaque année selon l’OMT.
Vols low-cost et plateformes comme Airbnb qui ont banalisé les voyages.
Effet réseaux sociaux : certaines destinations deviennent virales, attirant des foules désorganisées.
Croisières massives : des dizaines de milliers de touristes débarquent chaque jour dans des centres historiques.
Conséquences : Villes asphyxiées et nature dégradée
Venise perd ses habitants, chassés par les loyers trop élevés. La ville devient un décor.
Barcelone voit ses quartiers historiques dévorés par les locations touristiques.
L’île de Bali lutte contre une pollution croissante de ses plages et de ses eaux.
L’Islande, avec 370 000 habitants, accueille plus de 2 millions de touristes chaque année.
Le Machu Picchu a dû limiter l’accès quotidien pour protéger le site...
Les résidents fuient, les prix flambent, et les infrastructures craquent. Certaines destinations sont littéralement sacrifiées sur l’autel du tourisme de masse.
Y a-t-il des solutions ? Oui… mais elles demandent courage et volonté politique.
Voici les principales pistes expérimentées dans le monde :
1. Limiter le nombre de visiteurs
Le Machu Picchu impose des créneaux horaires et un nombre maximum de visiteurs par jour.
Les Cinque Terre (Italie) testent des quotas via une application de réservation.
2. Taxer davantage le tourisme
Venise met en place un ticket d’entrée journalier pour les visiteurs.
Certaines villes appliquent des taxes de séjour élevées ou des éco-contributions (ex. Amsterdam, Islande).
Mais est-ce vraiment efficace ?
Taxer le tourisme peut freiner un certain type de tourisme de masse, en particulier les croisiéristes ou les visiteurs à la journée. Cela peut aussi générer des revenus pour réparer les dégâts et protéger les sites. Mais à elle seule, la taxe ne suffit pas :
Les touristes les plus fortunés ne sont pas dissuadés.
Cela peut aggraver les inégalités (voyager devient un luxe).
Et certaines villes deviennent encore plus dépendantes de ces revenus touristiques.
La taxation ne peut fonctionner que si elle est intégrée à une stratégie plus globale : limitation des capacités, diversification économique, encadrement du marché immobilier, sensibilisation des voyageurs.
3. Réguler les plateformes de location
Barcelone, New York ou Paris interdisent ou limitent fortement les locations Airbnb non déclarées.
Kyoto oblige les propriétaires à limiter les durées de location et à signaler leur bien.
4. Désaisonnaliser et répartir les flux
Promouvoir le tourisme hors-saison.
Développer des itinéraires secondaires pour soulager les centres historiques.
5. Sensibiliser les voyageurs
Campagnes de communication sur le respect des lieux, des habitants et des cultures locales.
Incitation au slow tourism, plus respectueux, plus lent, plus conscient.
Et maintenant ?
Le tourisme est une richesse économique incontestable. Mais mal géré, il devient un poison. Face au changement climatique, à la perte de biodiversité et à la montée des inégalités urbaines, le modèle touristique mondial doit évoluer.
Les solutions existent. Certaines sont déjà en place. Mais elles nécessitent de repenser la logique du “plus toujours plus”, et de revenir à une forme de tourisme plus respectueuse, plus éthique, plus équilibrée.
ETIENNE
%20(500%20x%20200%20px).png)



Commentaires