Avion moins cher que le train : un défi pour le tourisme belge
- Etienne De Nil
- 25 août
- 3 min de lecture
Prendre l’avion d'une destination européenne vers une autre reste, dans plus de la moitié des cas, moins cher que de parcourir la même distance en train. C’est ce que révèle une étude publiée jeudi par Greenpeace, qui met en lumière un paradoxe pesant sur la transition vers un tourisme plus durable.
Les principaux résultats de l’étude
L’organisation a comparé les prix de 109 liaisons internationales dans 31 pays européens :
Dans 54 % des cas, voler est moins cher que prendre le train.
Sur les 33 liaisons nationales étudiées, le train reste plus compétitif (70 % des cas).
Exemple marquant : la ligne Barcelone–Londres, où un billet de train coûte 26 fois plus cher qu’un billet d’avion.
Seuls 29 trajets sont systématiquement plus avantageux en train, principalement en Europe centrale et orientale (Pologne, pays baltes).
Focus sur la Belgique
Pour la Belgique, seules les liaisons au départ de Bruxelles ont été analysées :
60 % des trajets internationaux sont moins chers en avion qu’en train.
Sur la ligne Bruxelles–Madrid, le rail est 11 fois plus cher que l’avion.
Seules quelques liaisons vers Hambourg, Zurich et Berlin restent compétitives côté train.
Avec ces résultats, la Belgique figure au 6ᵉ rang des pays les moins performants, au même niveau que la Roumanie et la Norvège.
Comparaison européenne
Pires résultats : France (95 % des trajets plus chers en train), Espagne (92 %), Royaume-Uni (90 %), Italie (88 %).
Meilleurs résultats : Lituanie (100 % des trajets moins chers en train), Pologne (89 %), Slovénie (80 %).
Le Luxembourg (40 %) et les Pays-Bas (22 %) affichent de bien meilleurs scores que la Belgique.
Pourquoi un tel déséquilibre ?
Le carburant aérien n’est pas taxé, et les billets d’avion internationaux sont exonérés de TVA.
Le rail, lui, supporte la TVA, des frais d’infrastructure et la hausse des prix de l’énergie.
Résultat : une distorsion qui avantage structurellement l’avion.
Une tendance qui évolue
Greenpeace note néanmoins une légère amélioration par rapport à 2023 :
Le nombre de trajets où le train est l’option la moins chère a progressé de 14 points, atteignant 41 %.
Explications : baisse des vols ultra low cost via Londres ou Dublin, hausse limitée des prix ferroviaires, et nouvelles liaisons trains sur certains tronçons.
Et la voiture dans tout ça ?
Pour certains trajets, une voiture partagée entre trois ou quatre personnes peut revenir nettement moins chère par passager que le train, et parfois même concurrencer l’avion lorsque celui-ci dépasse les tarifs les plus bas.En revanche, sur le plan climatique, la voiture reste plus polluante que le rail et se situe à mi-chemin entre le train et l’avion.
Enjeux pour le tourisme belge
Pour les professionnels, ces résultats confirment que :
L’avion restera le choix majoritaire des voyageurs tant qu’il sera le moins cher.
Le train conserve un potentiel d’attractivité sur certaines destinations compétitives (Berlin, Hambourg, Zurich) ou pour des clients sensibles à l’écologie.
Il est crucial de proposer les deux options (avion vs train), en laissant le voyageur arbitrer entre prix, confort et impact environnemental.
Conclusion
Pour les acteurs du tourisme belge, c’est à la fois un défi immédiat, car le client privilégiera souvent le billet le moins cher, et une opportunité à moyen terme, si les politiques européennes rééquilibrent la compétitivité du rail.
ETIENNE
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