Charleroi 2045 vs Zaventem 2029 : Deux poids, deux mesures dans le ciel belge ?
- Etienne De Nil
- 27 juil.
- 2 min de lecture
Alors que l’aéroport de Charleroi obtient une autorisation d’exploitation jusqu’en 2045, Brussels Airport (Zaventem) voit son permis annulé et prolongé d’office jusqu’en 2029. Une décision qui interroge, choque parfois, et pose une vraie question : à quoi joue-t-on dans l’aménagement du territoire aérien en Belgique ? Le grand écart réglementaire
Charleroi, sous tutelle de la Région wallonne, a obtenu 20 ans de permis d’environnement. Un blanc-seing qui intègre le développement de nouvelles infrastructures, une augmentation du trafic et la validation anticipée d’un masterplan futuriste.
Zaventem, principal aéroport du pays, a vu son permis annulé par un tribunal flamand pour non-respect de procédures européennes (Balanced Approach). Il n’a le droit d’opérer que jusqu’en juin 2029, le temps que la Flandre reparte de zéro.
Un même pays, deux aéroports internationaux, mais deux logiques radicalement opposées.
Et sur le plan économique ?
Brussels Airport, pilier national, dégage des bénéfices records : plus de €91 millions de résultat net en 2024. Noté BBB+ par Fitch, il attire des compagnies régulières, cargo express, et investit €500M pour se moderniser.
Charleroi, ex-fleuron du low-cost, a longtemps été déficitaire, dépendant d’aides publiques régionales, et reste ultra-dépendant de Ryanair (≈75 % du trafic). Il a retrouvé des profits en 2024, mais son modèle économique reste fragile.
Question clé : si Ryanair décidait de plier bagage, Charleroi survivrait-il ? Rien n’est moins sûr.
Vol politique ou turbulences de gouvernance ?
Derrière ces divergences se cache une tension plus profonde :
La Région wallonne, propriétaire de l’aéroport de Charleroi, semble avoir verrouillé politiquement l’avenir de son aéroport pour deux décennies.
La Région flamande, elle, se retrouve contrainte de remettre à plat le permis de Zaventem dans un contexte juridique tendu, sous surveillance des riverains et de l’Europe.
Cette situation alimente un sentiment de deux vitesses, voire de distorsion de concurrence, entre les deux principaux hubs aériens du pays.
Conclusion : un modèle belge en perte d'altitude ?
Charleroi obtient un feu vert de 20 ans avec un business model fragile et dépendant, tandis que Brussels Airport — performant, stratégique et rentable — doit se battre pour exister au-delà de 2029.
Le ciel belge est-il gouverné par des logiques politiques plutôt qu’économiques ou environnementales ?Et si le véritable enjeu, c’était de repenser l’avenir aéroportuaire belge de manière coordonnée et non régionalisée ?
En attendant, les passagers volent, les subventions tombent… et les décisions restent, elles, ancrées au sol.
ETIENNE
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