Qatar Airways annule sa commande de Boeing 737 MAX 10 : qui gagne, qui perd ?

Mai 2025 — La compagnie aérienne Qatar Airways a récemment annulé sa commande de 25 Boeing 737 MAX 10, assortie de 25 options supplémentaires. Cette décision stratégique marque un tournant dans la politique d’achat de la compagnie, privilégiant désormais une flotte monocouloir entièrement Airbus. Mais au-delà des implications opérationnelles, quelles sont les conséquences financières de cette manœuvre pour les géants de l’aéronautique, Boeing et Airbus ?

Retour sur les raisons de l’annulation

La commande du 737 MAX 10, annoncée en 2022, faisait suite à une rupture temporaire entre Qatar Airways et Airbus, liée à un litige sur la qualité de la peinture de plusieurs A350. En réponse à l’annulation par Airbus d’une commande de 50 A321neo, Qatar Airways s’était tournée vers Boeing. Toutefois, depuis la réconciliation des deux parties en 2023, la stratégie de Qatar Airways a évolué.

Plusieurs éléments ont motivé l’annulation du contrat avec Boeing :

• Retards persistants dans la certification du 737 MAX 10, compromettant la livraison à temps.

• Retour en grâce d’Airbus, avec la relance de la commande d’A321neo.

• Volonté de standardisation de la flotte monocouloir, pour améliorer la rentabilité opérationnelle.

  
  

Gagnants et perdants à court et moyen terme

Boeing : un revers tactique, mais un gain stratégique

L’annulation de la commande du 737 MAX 10 représente un coup dur pour Boeing, tant en termes de revenus immédiats qu’en image. Le 737 MAX 10 est toujours en attente de certification, et ce retard affecte la confiance de plusieurs clients internationaux.

Cependant, Boeing n’en sort pas entièrement perdant. En parallèle, Qatar Airways a officialisé une commande massive de 210 avions gros-porteurs, incluant :

• 130 Boeing 787 Dreamliner

• 30 Boeing 777X

• Options pour 50 appareils supplémentaires

Cette commande, estimée à 96 milliards de dollars, représente un soutien considérable à la branche long-courrier de Boeing, qui reste le point fort du constructeur américain.

Airbus : un renforcement sur le segment monocouloir

Airbus sort clairement gagnant de cet épisode. La reprise de la commande de 50 A321neo, dont 10 A321LR, renforce sa position dominante sur le segment des avions monocouloirs, particulièrement prisés pour les liaisons régionales et moyen-courriers.

Au-delà des chiffres, cette décision témoigne d’une confiance renouvelée de Qatar Airways envers Airbus, qui pourrait se traduire par de futures commandes, notamment pour des A350 remotorisés ou des A321XLR.

Impact boursier et perspectives financières

Les marchés ont réagi modérément à ces annonces :

• Boeing (NYSE: BA) : légère hausse de 3,20 %, à 207,95 USD, portée par la méga-commande de long-courriers.

• Airbus (EPA: AIR) : en hausse de 1,45 %, à 139,60 EUR, tirée par la reprise des commandes et la stabilité du segment monocouloir.

À court terme, Airbus profite clairement de la décision stratégique de Qatar Airways. À moyen terme, Boeing pourrait sortir renforcé grâce à sa spécialisation dans les gros-porteurs, alors que la demande mondiale pour les vols long-courriers reprend avec vigueur.

Conclusion

L’annulation de la commande des Boeing 737 MAX 10 par Qatar Airways illustre un réalignement stratégique logique pour la compagnie, qui mise sur l’homogénéité de sa flotte et la fiabilité de ses partenaires. Si Airbus sort gagnant sur le court terme, Boeing, malgré un revers, compense largement avec une commande colossale de long-courriers.

Ce nouvel équilibre pourrait inaugurer une ère de coexistence tactique : Airbus pour les monocouloirs, Boeing pour les long-courriers — une division du marché qui, pour Qatar Airways, allie performance, cohérence opérationnelle et résilience financière.

ETIENNE