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Rome sous pression : entre deuil papal et raz-de-marée touristique

  • Etienne De Nil
  • 27 avr.
  • 4 min de lecture

Rome, 25 avril 2025


Depuis l’annonce du décès du pape François, survenue le 21 avril à 07H35, la capitale italienne est entrée dans une période de deuil historique… et de surchauffe logistique. En quelques heures à peine, la ville éternelle est redevenue le centre du monde catholique, attirant fidèles, curieux et médias du monde entier. Un événement spirituel majeur, mais aussi un défi colossal pour Rome, confrontée à une vague touristique sans précédent depuis le Jubilé de 2000.


Rome en état d’alerte


À peine l’annonce officielle du décès diffusée par le Vatican, les autorités italiennes ont déclenché l’activation du plan de gestion de crise "San Pietro", conçu pour encadrer les grands rassemblements religieux. La priorité : garantir la sécurité des lieux saints, assurer la fluidité du trafic, et encadrer l’arrivée de centaines de milliers de personnes attendues dans les  prochains jours.

Plus de 8 000 policiers, carabiniers et militaires ont été mobilisés à Rome, notamment autour de la Cité du Vatican, de l’aéroport Léonard-de-Vinci et des principales gares. Des unités anti-drones ont été déployées, et une zone d’exclusion aérienne a été décrétée au-dessus de la basilique Saint-Pierre.

Le calendrier est serré : exposition du corps du pape pendant trois jours, messe de funérailles solennelle, puis conclave à huis clos pour l’élection du successeur. La ville s’attend à accueillir jusqu’à 2 millions de personnes en une semaine — un record absolu depuis la canonisation de Jean-Paul II en 2014.


Le tourisme religieux : entre foi et business


Le décès d’un pape est un événement spirituel d’une ampleur unique, mais il fait aussi tourner une mécanique touristique bien huilée. Depuis lundi matin, la ville éternelle est devenue la capitale mondiale du recueillement… et de la consommation religieuse.

Des dizaines de milliers de pèlerins affluent chaque jour sur la place Saint-Pierre. Certains viennent prier, d’autres simplement "voir" : voir le Vatican en deuil, voir le cercueil du pape exposé dans la basilique, voir un moment d’Histoire. Les files d’attente s’étendent parfois sur plus de 2 kilomètres, sous un soleil d’avril. Les vendeurs ambulants, eux, n’ont pas attendu. Chapelets, portraits du pape, foulards "In Memoriam", bouteilles d’eau estampillées d’une colombe : tout se vend, partout. À peine le décès annoncé, les boutiques de souvenirs ont actualisé leurs vitrines. Certains produits sont même proposés à des prix gonflés de 50 à 70 %, sans vergogne.


Un phénomène que certains observateurs dénoncent comme une forme de “pèlerinage à double vitesse” : « Ceux qui peuvent payer sont à l’hôtel, bien installés. Les autres dorment dans la rue ou dans les halls de gare. L’émotion est réelle, mais elle cohabite avec une logique de profit très visible », explique un prêtre français en mission à Rome.

Les agences de voyage spécialisées en tourisme religieux ont vu leurs réservations exploser. Plusieurs compagnies ont affrété des vols spéciaux depuis l’Amérique latine, les Philippines ou la Pologne, pays historiquement attachés au Vatican. Certaines places pour assister aux funérailles se négocient désormais sur Internet, malgré les mises en garde du Saint-Siège contre toute forme de revente. Bien que l’accès aux funérailles soit gratuit et libre, des offres illégales ont été repérées en ligne — un rappel cynique de la marchandisation de la foi.


Le quotidien des Romains bouleversé


Si Rome a l’habitude des foules, le décès d’un pape provoque un choc d’une autre envergure. Entre la ferveur religieuse et la pression touristique, le quotidien des habitants tourne au parcours d’obstacles.

Dans les transports en commun, les scènes sont dignes des heures de pointe à Tokyo : métros bondés, lignes de bus saturées, et de longues marches imposées à ceux qui n’ont pas le courage d’attendre. Les écoles situées près du Vatican ont adapté leurs horaires, et de nombreuses entreprises autorisent le télétravail pour éviter les déplacements.

Du côté des commerces, l’afflux de visiteurs fait grimper les ventes... et les tensions. « On n’arrête pas. Lundi, on a fait en une matinée ce qu’on fait normalement en trois jours », confie Claudio, gérant d’une pizzeria près de Borgo Pio. À l’inverse, d’autres, comme les pharmaciens ou les habitants des quartiers historiques, dénoncent une ville “verrouillée” par la sécurité et dénaturée par l’afflux massif.

Rome, comme à chaque moment charnière de l’histoire catholique, vacille entre la fierté de son rôle central et la fatigue d’être envahie.


Conclusion : une ville entre recueillement et rentabilité


Rome vit un moment rare, à la croisée de l’Histoire et de la ferveur. Si la tristesse est bien réelle sur les visages, elle se mêle à une effervescence presque paradoxale. Derrière chaque pèlerin, il y a une réservation, un repas, une dépense. Derrière chaque prière, une logistique millimétrée.

C’est le paradoxe de Rome, ville sacrée et ville-monde : capable de vibrer au rythme d’un deuil universel, tout en absorbant l’impact économique d’un événement planétaire. Entre recueillement sincère et tensions visibles, la capitale italienne, une fois encore, marche sur un fil.


Bientôt le conclave pour élire le nouveau Pape, les paris sont ouverts... Aussi, pour ceux qui ne l'ont pas encore visionné au cinéma ou ailleurs, je vous recommande de regarder

le film "Conclave"... Une découverte fiction dans les coulisses du Vatican, avec une surprise finale qui ne laissera personne indifférent.


ETIENNE

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