Nomination de Christophe Segaert à la tête de l’aéroport de Charleroi : décision stratégique ou choix politique déguisé ?
- Etienne De Nil
- il y a 18 heures
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La nomination récente de Christophe Segaert en tant que nouveau CEO de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) ne passe pas inaperçue. Si le conseil d’administration salue une décision stratégique, certains observateurs et syndicats s’interrogent : s’agit-il d’un véritable choix de compétence ou d’un parachutage politique ?
Un profil sans expérience aéroportuaire
Christophe Segaert, diplômé de l’École de commerce Solvay, affiche un parcours marqué par des postes de direction dans le secteur privé, notamment comme CEO de SERIS BeNeLux (sécurité), CEO d’Artoos Group (impression/marketing), et vice-président chez VOO (télécom). Une expérience managériale solide, certes, mais aucun lien direct avec la gestion d’un aéroport ou du secteur aérien.
Cette absence d’expérience spécifique a nourri les critiques, notamment du côté syndical. Michel Gretzer (CSC-Transcom) ne mâche pas ses mots : « Les dés étaient pipés. Le président du conseil d'administration avait son candidat. Ce choix n’est pas neutre, c’est une décision orientée par des considérations internes. »
Un climat social déjà tendu
Le contexte de la nomination est lui aussi sensible. L’ancien CEO, Philippe Verdonck, a quitté ses fonctions dans un climat houleux, marqué par des tensions sociales persistantes, des désaccords stratégiques, et des critiques sur la gestion sécuritaire de l’aéroport. Le changement à la tête de BSCA intervient donc à un moment charnière, où les défis ne manquent pas : relance post-COVID, transition environnementale, négociations avec les compagnies low-cost, et amélioration des relations sociales.
Une décision à lecture multiple
Officiellement, le conseil d’administration de BSCA a approuvé la nomination de Segaert à l’unanimité. Pour ses partisans, son profil de manager expérimenté, à la tête de groupes aux enjeux complexes, est un atout pour redéfinir la stratégie de l’aéroport et restaurer le dialogue social.
Mais en coulisses, certains dénoncent un recrutement opaque, motivé par des logiques politiques ou personnelles. La composition du conseil d’administration, dans laquelle siègent plusieurs représentants du monde politique et économique wallon, alimente ces soupçons.
Quel avenir pour BSCA ?
Avec cette nomination, BSCA parie sur un profil extérieur au sérail aéroportuaire pour insuffler un nouveau souffle à sa gouvernance. Reste à voir si cette stratégie s’avérera payante dans un secteur aussi technique et réglementé.
Christophe Segaert est désormais attendu au tournant. Ses premiers mois à la tête de l’aéroport seront scrutés de près par les employés, les partenaires institutionnels et les compagnies aériennes. La réussite de son mandat dépendra de sa capacité à convaincre qu’il est bien plus qu’un « CEO parachuté »… mais le pilote qu’il faut à Charleroi pour faire décoller un nouveau cap.
ETIENNE
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