L'aéroport de Charleroi a- t-il encore un avenir sur le long terme ?
- Etienne De Nil
- 6 avr.
- 2 min de lecture
L’aéroport de Charleroi (Brussels South Charleroi Airport, ou BSCA) a longtemps été une plaque tournante des compagnies low-cost, en particulier Ryanair. Mais son avenir suscite effectivement des interrogations, surtout avec les défis actuels dans le secteur aérien et les pressions environnementales.
Voici quelques éléments pour nuancer la réponse :
Arguments en faveur de son avenir :
Demande toujours présente pour les vols low-cost : Beaucoup de voyageurs, surtout en Wallonie et dans le nord de la France, préfèrent encore Charleroi pour son accessibilité et ses prix attractifs.
Investissements récents : L’aéroport a réalisé des travaux pour moderniser ses infrastructures (nouvelle aérogare, extension des parkings, projets d’intermodalité). Ce sont des signes qu’on continue à croire en son potentiel.
Diversification progressive : BSCA essaie d’attirer d'autres compagnies que Ryanair, ainsi que du fret aérien, et propose aussi des vols vers des destinations hors Europe.
Position géographique stratégique : Proche de Bruxelles, de la frontière française, et bien connectée par autoroute et transports publics.
Mais aussi des incertitudes sérieuses :
Dépendance à Ryanair : L'aéroport est extrêmement dépendant de Ryanair. Si la compagnie réduit ses vols (comme elle l’a fait temporairement en 2023 en raison d’un désaccord sur les taxes d’aéroport), l’impact est direct et sévère.
Pressions écologiques : Le secteur aérien est dans le viseur des politiques climatiques, et les vols courts et low-cost sont particulièrement critiqués. Des taxes environnementales pourraient menacer ce modèle économique.
Concurrence : L'aéroport de Zaventem (Bruxelles) reste très proche et attire de plus en plus de low-cost, en plus des compagnies classiques.
Evolution du tourisme post-COVID : Certains voyageurs se tournent vers des formes de tourisme plus locales ou plus durables.
En résumé :
Charleroi a encore un avenir, mais il devra se réinventer. Diversifier ses partenaires, s’adapter à la transition écologique, et mieux intégrer le fret ou les services intermodaux seront les clés pour sa survie à long terme.
Mais l’aéroport est-il rentable ?
Globalement, oui, l’aéroport a été rentable pendant plusieurs années, mais cela dépend de la période.
Avant le COVID (jusqu’en 2019) :
BSCA faisait des bénéfices réguliers.
2019 : environ 8 millions de passagers, des résultats financiers positifs.
Le modèle Ryanair (low-cost, gros volumes, frais réduits) lui permettait de dégager une marge.
Pendant la pandémie (2020-2021) :
Gros coup d’arrêt.
Le nombre de passagers a chuté drastiquement, comme partout dans le monde.
L’aéroport a subi des pertes importantes, compensées en partie par des aides publiques.
Après la pandémie (2022-2024) :
Le trafic est reparti à la hausse (plus de 7 millions de passagers en 2023, proche des niveaux d’avant crise).
Retour à l’équilibre voire au bénéfice, selon les données disponibles.
MAIS : les coûts énergétiques, les taxes environnementales potentielles, et les tensions avec Ryanair (qui réclame des conditions plus favorables) rendent la rentabilité plus fragile.
Et donc en conclusion :
Charleroi a été rentable dans le passé, et reste potentiellement bénéficiaire maintenant, mais c’est tendu.
La dépendance à un seul modèle économique (low-cost, Ryanair) rend la situation instable à moyen terme.
S’il y a trop de pression sur les prix, ou si les règles environnementales deviennent plus dures, la marge peut s’évaporer vite.
Etienne
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