Air Belgium : 10 500 passagers et des centaines d’agences de voyages laissés pour compte. Il est temps de créer un fonds de garantie.
- Etienne De Nil
- 5 mai
- 2 min de lecture
La faillite d’Air Belgium a fait l’effet d’un séisme pour plus de 10 500 passagers. Des voyages réservés, parfois depuis des mois, envolés. Des remboursements inexistants. Et un sentiment d’abandon profond.
Mais les clients ne sont pas les seuls à avoir subi des pertes. Des centaines d’agences de voyages ont, elles aussi, été frappées de plein fouet : billets payés mais non honorés, remboursement impossible, et dans certains cas, obligation de rembourser leurs clients sur fonds propres. Une double peine injustifiable.
Une inégalité flagrante
Les agences de voyages sont légalement tenues de contribuer à un fonds de garantie (comme le Fonds de Garantie Voyages en Belgique). Ce système protège les consommateurs en cas de faillite de l’agence ou du tour-opérateur.
Mais du côté des compagnies aériennes ? Rien.
Aucune obligation de constituer un fonds. Aucun mécanisme de protection. Si une compagnie fait faillite, les passagers sont abandonnés, les agences en crise, et les institutions... silencieuses.
Un obstacle bien connu : le lobby aérien
Pourquoi ce vide persiste-t-il ? Parce qu’un obstacle majeur bloque toute tentative de réforme : le lobby des compagnies aériennes.
Et parmi ses figures les plus farouchement opposées à un fonds de garantie, Ryanair en tête. La compagnie low-cost milite depuis des années contre l’idée de "payer pour les autres". Elle refuse toute forme de mutualisation des risques, menaçant même de quitter des marchés si elle est contrainte de contribuer à un fonds.
Cette logique individualiste oublie que l’aviation est un secteur interconnecté : quand une compagnie tombe, c’est tout un écosystème – agences, passagers, aéroports – qui vacille.
Il est temps de rétablir l’équilibre
Créer un fonds de garantie aérien n’est pas une révolution. C’est une mesure de bon sens, équitable et responsable. Il pourrait être financé par une micro-contribution de 0,50 à 1 € par billet vendu – une somme négligeable pour le consommateur, mais cruciale en cas de crise.
Ce fonds servirait à :
Rembourser les billets non honorés,
Couvrir les frais de rapatriement,
Protéger les agences de voyages intermédiaires.
La Belgique peut (et doit) montrer l’exemple
L’Union européenne tarde à harmoniser ce type de protection. En attendant, la Belgique peut prendre les devants. Comme elle l’a fait pour d’autres mécanismes de solidarité, elle peut instaurer un modèle que d’autres suivront.
Laisser-faire ou protection des citoyens ?
Face aux pressions du secteur aérien, faut-il céder au chantage économique ? Ou défendre les droits des passagers et des professionnels du voyage ?
La réponse devrait être évidente.
Il est temps d’agir. Pas demain. Pas après la prochaine faillite. Maintenant.
Etienne
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